Les plus grands cons de l'histoire contemporaine

Chefs de guerre, politiciens, policiers, leur aveuglement a eu des conséquences désastreuses...

La sécurité de notre Monde est protégée par des certitudes réconfortantes. Ainsi, il est impossible que les services secrets anglais soient dirigés par un espion soviétique, il est impossible que les chars allemands puissent traverser les Ardennes, il est impossible qu'un tueur recherché par une équipe de gendarmes fasse partie de cette équipe, ou qu'un accusé qui ait avoué soit innocent.

Le con aime s'appuyer sur des certitudes bien ancrées. Il y a de nombreuses définitions à la connerie, mais il y a un point commun, le con est toujours celui qui se trompe d'ennemi.

Comment on les reconnaît? Il leur est difficile d'expliquer clairement les raisons qui les motivent, ou elles sont contradictoires. Et puis il y l'obstination sans faille qu'ils auront à suivre leur conviction dont les bases sont si mal établies.

Voici l'allée d'honneur des plus grands cons de l'histoire contemporaine.

  1. Robert Lee. Un homme de devoir.

    Ce général sudiste a inversé le sens de la guerre de sécession durant un temps. Abraham Lincoln l'avait trouvé assez brillant pour lui proposer de commander l'armée de l'union, mais il a préféré servir son état natal, la Virginie sécessioniste. Il n'aurait pas dû le faire car cette guerre elle-même allait à l'encontre de ses convictions. Il était contre la sécession, et contre l'esclavage. Et c'était tout ce que réclamait le nord. Il ne s'agissait pas de dominer le sud, de lui imposer un tribut, simplement de réunir le pays et mettre fin à cette abomination, pratiquée en fait par moins de 5% de la population du sud.
    Avant que Lee n'entre en action, les choses allaient vers un règlement rapide. Aucun autre général n'avait ses capacités, le Sud était déjà battu. Mais Lee avait le sens du devoir et il a pris les choses en main. Il remporte plusieurs batailles qui feront que la guerre durera trois ans de plus et causera 500 000 morts. La haine sera exacerbée entre les deux camps produisant des atrocités sans noms parmi lesquelle la création d'un camp de concentration au sud ou les prisonniers nordistes mourront de faim et de maladies.
    Le sud ne pouvait rien contre la machine industrielle du nord qui produisait chaque jour toujours plus d'armes et augmentait sans cesse ses troupes. A la fin de la guerre, le sud envoyait des enfants se battre. L'invasion finale a été un désastre pour les pays sécessionistes, sur le plan économique et humain. Il lui a fallu des décennies pour s'en relever. Lee est considéré comme un héros dans son état natal.
    Bravo, général Lee, tu a fait ton devoir, le pays a été complètement dévasté et le résultat final est le même: sud et nord sont de nouveau unis.

  2. Kim Philby. Un homme au-dessus de tous soupçons.

    C'était un des membres du club des cinq qui comprenait Donald Maclean, Guy Burgess, Anthony Blunt, et John Cairncross. Tous ont été recrutés par l'union soviétique alors qu'ils étaient étudiants à Cambridge. Philby aura une liaison avec la femme de deux de ses amis. Philby a eu une activité d'agent double entre 1937 et 1963.
    Il entre au MI6 en 1939 et devient directeur de la section anti-soviétique en 1944. En 1947 il est le chef du service de renseignement de en Turquie.
    En 1949 Philby part travailler avec la CIA où il rencontre James Angleton. Celui-ci se méfie de lui (il se méfie de tout le monde en fait) sans toutefois le considérer comme le traître qui renseignait l'URSS.
    De nombreuses actions de la CIA et du MI6 ont échoué du fait des activités des agents doubles. Cela inclut l'invasion de la baie des cochons en 1961.
    En 1951 Philby démissionne du MI6, craignant d'être compromis par la fuite en union soviétique de Burgess et MacLean.
    En octobre 1955 il est absout de toutes les accusations à son encontre par Harold Macmillan le ministre des affaires étrangères qui est le con de l'histoire, jugeant qu'il ne pouvait être le troisième homme (après Burgess et MacLean) et même que ce troisième homme n'existait sans doute pas.
    Il ne revient pas au MI6 mais ses activités de journaliste lui donnent accès a des renseignement secrets qu'il continue de fournir à l'URSS ce qui provoque des échecs pour le camp occidental et l'exécution de nombreux agents en territoire soviétique.
    En 1963 Philby, enfin totalement discrédité, disparaît de Beyrouth et réapparait en Russie.
    Il y sera traité en héros et aura un timbre à son effigie.

  3. L'affaire Alain Lamare. Le meilleur de nos enquêteurs.

    Le tueur de l'oise a terrorisé le département entre 1977 et 1979. Il tirait sur des femmes, posait des bombes qui visaient des gendarmes. L'un d'entre eux se faisait remarquer par son zèle à traquer le tueur, il était considéré comme le meilleur de l'équipe. Le tueur envoyait des lettres de revendications et de menaces dont le style et le type de renseignements qu'il contenait laissait penser qu'il s'agissait d'un gendarme ou ex-gendarme. Des enquêteurs ont alors demandé à la hiérarchie d'orienter l'enquête dans cette direction. D'autant que l'on dispose d'empreinte digitales sur les lettres et sur les lieux des crimes qui réduisaient le champ d'investigation.
    Mais la demande se heurte à un refus catégorique: il est impossible que le tueur puisse être gendarme déclame le chef de corps (il obtiendra plus tard une promotion). Cependant, quand un portrait-robot est diffusé et que les gendarmes reconnaissent un collègue, ils sont bien obligé de constater que le meilleur agent de l'équipe, celui qui est sur les lieux avant tous les autres, n'est autre que le tueur!
    La tendance à 'employer trop rapidemment le mot "impossible" est généralement un moyen de reconnaître un con. L'ennemi est souvent celui dont on se méfie le moins.

  4. L'affaire Marc Dutroux. Un gendarme ne chuchote jamais.

    En 1995 le pédophile est incarcéré durant 3 mois. Sa mère a écrit à la police qu'il tenait prisonnière des filles dans ses maisons. La police a fouillé un des ses domiciles deux fois. Deux fillettes de 8 ans, Julie Lejeune et Melissa Russo étaient alors prisonnière dans une cache aménagée dans la maison. Le mur fraîchement repeint était un indice de l'aménagement des lieux.. Lors d'une perquisition le chef de l'équipe à entendu des voix, il a alors crié: "Taisez-vous!". Il s'adressait à ses collègues, mais les pauvres filles apeurées ont cru que leur tortionnaire était revenu et se sont tue. N'entendant plus rien (évidemment), le gendarme a alors conclu que les cris venaient de dehors. Les deux filles sont mortes de soif et de faim dans la cache.
    Le remord hante le gendarme depuis que l'on a retrouvé les deux corps, sur les indications de Dutroux.

  5. L'affaire Dils. Le policier qui veut marquer des buts.

    L'inspecteur avait une conviction: ce garçon était coupable. Pourquoi, on ne le sait pas et on ne veut pas s'appesantir dessus, il y a des inimitiés dans certains coins de campagne, mais il a vraiment tout tenté pour obtenir ce qu'il désirait: des aveux. Pour ce faire après plusieurs interrogatoires qui n'ont pas abouti sur une durée de 7 mois, il a fini par tenter une méthode différente: la flatterie. Traiter un garçon comme un criminel important, lui accorder tous les égards, lui apporter même des croissants, lui expliquer avec admiration comment il voit son crime, et le garçon simple qui ne voit que le coté exceptionnel de la chose se prend au jeu dans le rôle du grand criminel et raconte ce qu'on lui demande de raconter.
    Ce qu'il n'aurait pas fait s'il avait imaginé ce qui l'attendait, mais il ne pouvait pas le concevoir à ce moment là. L'inspecteur se fait fort d'expliquer au juge et aux journalistes que le suspect a avoué et insiste même sur le fait qu'il ne l'a jamais maltraité. Et oui.
    Ses arguments ont convaincus deux fois les jurés, puis dans un troisième procès, après qu'on ait appris la présence du serial-killer Francis Holmes sur les lieux le jour du crime, il est devenu clair que Patrick Dils n'était pas le criminel que l'on recherchait et il a été définitivement acquitté.
    Dans une vidéo mémorable, l'inspecteur se flatte néanmoins d'avoir marqué 2 points contre 1. Au football, se vante-t-il, ce serait une victoire! Oui mais pour un enquêteur, faire condamner deux fois sur trois un innocent est plus un échec qu'une victoire...
    L'inspecteur s'intéressait un peu trop au football et pas assez aux annales du crime.

  6. Mugabe. Comment se débarrasser des affameurs.

    Même si en prend en compte de nombreuses considérations qui peuvent faire penser que ce président n'est pas con mais seulement une crapule totalement dénuée de scrupule, Mugabe sera considéré comme tel par l'histoire parce qu'avec une grande constance il s'est toujours trompé d'ennemi. Depuis 2000 il mène une politique de redistribution des terres qu'il prend par la force, et souvent par le meurtre des propriétaires, les fermiers blancs qu'il traite d'affameurs du peuple. Et sous prétexte de les redistribuer aux cultivateurs noirs les attribue en fait à ses amis politiques. Lequels n'ayant aucune compétence en agriculture on mené le pays autrefois important exportateur agroalimentaire, à la famine.
    Bravo Mugabe, tu a su transformer un pays propère et plein d'avenir en désert économique livré au chômage, à la corruption, à la criminalité. C'étaient eux les ennemis.

Evidemment la liste est bien plus longue. Je pourrais citer le procès d'Outreau et de nombreuses autres affaires criminelles ainsi que de nombreuses erreurs stratégiques de l'histoire. La fin récente de plusieurs dictatures du Maghreb suffit à étoffer la liste. Vouloir tous les citer n'aurait pas de fin.

Le con est toujours celui qui se trompe d'ennemi.