Quatre corniauds contre un avion

Le 6 août 2005, un ATR 72 de la compagnie Tuninter s’écrase en mer et 16 personnes sont tuées.

20 autres personnes qui s’étaient agrippées à des débris flottants du fuselage seront secourues plus tard par un navire de sauvetage.

Si tous les gars du monde voulaient bien se donner la main, c’est certain que tout irait bien mieux, mais ce que l'on apprend du rapport d'enquête, c'est que ce sont tous les corniauds du monde qui se sont donnés la main, pour aboutir à cette catastrophe majeure.

Voici pourquoi le vol TUI 1153 de Tuninter qui devait relier Bari à Djerba s'est écrasé au large de Palerme.

L’accident

L’équipage voit successivement les deux moteurs s’arrêter. La jauge de carburant montre qu’il reste 1800 litres dans le réservoir. Le pilote ne comprend pas ce qui se passe et décide  de perdre de l’altitude pour essayer de faire redémarrer les moteurs, une grave erreur.
Puis il se résoud à tenter un amerrissage et en informe les passagers, ce qui provoque un grand émoi chez ceux-ci.
Ils endossent un gilet de sauvetage et se préparent au choc. En heurtant la mer l’avion se brise en trois parties.
Des passagers, bien qu’excellents nageurs, disparaissent dans les flots. D’autres surnagent et s’accrochent aux débris flottants.

L’enquête va montrer qu’une série de dysfonctionnements, d’erreurs de jugement et de fautes professionnelles ont conduit à ce drame.

Enquête et conclusion

L'ATR 72 de Tunisair

L'ATR 72 de Tuninter après l'amerissage

Il existe deux sortes de jauges, l’une pour l’ATR 72 et l’autre pour l’ATR 42. Les deux sont similaires et matériellement interchangeable, mais lorsqu’on place une gauge pour ATR 42 dans un ATR 72, les valeurs affichées sont fausses et font croire à tort que les réservoirs sont pleins.
C’est exactement ce qui s’est passé ici, la veille, la maintenance à changé la jauge et s’est trompée de modèle.

Avant de décoller, le pilote doit trouver dans la cabine un formulaire attestant que les réservoirs ont été remplis.
Voyant qu’il n’était pas là, le pilote appelle la tour de contrôle et celle-ci lui répond: « Ne t’inquiète pas, on te la donnera au retour. »
Les réservoirs en fait n’avaient pas été remplis.

Par la suite des tests en simulation ont prouvé que si le pilote avait, au lieu d’amerrir, placé ses hélices en mode profilé, il aurait pu planer jusqu’à l’aéroport de Palerme et pu atterrir normalement.
Au lieu de cela, le pilote aurait, laissé durant un moment les commandes à son co-pilote pour prier.

Ce jour là, quatre corniauds se sont donnés la main, et cela a abouti à la mort de 16 personnes.

  1. Premier corniaud. L’ingénieur de chez ATR ne s’est pas inquiété d'une possible confusion dans la pose des jauges.
    Après l’accident, elles ont été modifiés pour que la pose d’un mauvais modèle devienne impossible. On aurait pu y penser avant.
  2. Second corniaud, l’employé de maintenance pose une jauge d’ATR 42 sur un ATR 72. Inexpérience ou incompétence?
  3. Troisième corniaud. L'employé de la tour de contrôle répond avec désinvolture: « Tu aura le formulaire demain », au lieu de se donner la peine de vérifier que le plein a effectivement été fait.
  4. Quatrième corniaud, le pilote qui pas un instant ne remet en cause ce que lui indique un instrument de mesure et ne se demande jamais s'il aurait pu être défectueux.

Il a fallu que ces quatre corniauds se passent le relais pour provoquer le crash du vol TUI 1153.

En mars 2009, le pilote tunisien et son co-pilote ont été condamnés à 10 ans de prison. Cinq employés du service de maintenance ont écopé  de 7 à 8 ans. Le verdict reproche surtout au pilote le fait d’avoir perdu le contrôle et avoir choisi de faire amerrir l’avion plutôt que d’essayer de planer jusqu’à l’aéroport le plus proche.

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